Cette nuit, je veux boire la mer… Un poème de Flurans Ilia
Cette nuit, je veux boire la mer
Et la tempête, l’avoir avec moi
Éteignez les lumières, anges apathiques,
Avec vos bras mouillés de pluie et d’orages,
Gardiens muets,
Vous n’êtes pas capables d’une telle merveille.
Cette nuit, je veux boire la mer
Entière, jusqu’au bout.
Et la tempête, l’avoir avec moi
Les feux d’amour
m’accompagnent
De rive, en rive, où il n’y a pas de phare.
Où épuisé, à travers le feuillage de l’automne,
Les mèches de mes cheveux, j’attache
Cordages de bateaux en mer, tisser avec eux
des vers jusqu’à l’aube.
Pour mon corps, pour mon âme,
Jusqu’à ce que la soif, de boire la mer
Se soit éteinte, évanouie,
Comme la tempête qui s’en est allée
et ne reviendra plus
(Traduit de l’Albanais par Leda Kushova)
Notice biographique :
Il a comme projet la traduction de ses poèmes et nouvelles par Leda Kushova qui a traduit le texte présenté plus haut.
Flurans Ilia adhère à ce groupe restreint d’écrivains qui croient la littérature capable de changer le destin de l’homme ou de l’adoucir, de rendre le quotidien plus humain. Il appartient à une génération qui accompagne la transition albanaise depuis des années, dont les récits sont perceptibles grâce à un sixième sens, pour mieux sentir, mieux flairer la liberté. Les anime un esprit qui n’aime pas méditer, mais se souvenir et échapper à l’oubli. Cette quête est la caractéristique la plus fascinante de l’œuvre de Flurans, qui est un passage kafkaïen, présenté soit comme postmoderne, soit comme métaphysique, où la réalité est un événement lointain, quelque part dans le passé, avec lequel il vit aujourd’hui.