Prix Poésie : Chants d’août d’Alain Gagnon…

3 octobre 2012

 

Chants d’août  d’Alain Gagnon remporte le Prix Poésie du Salon du Livre…

Opinion du jury :

Rédigé dans une langue unique, le recueil d’Alain Gagnon plonge au cœur de l’été, célèbre ses délices et ses bonheurs, respire ses fragrances chargées de souvenirs, enchante par la suavité des temps doux. Dans Chants d’août, la nature, transfigurée par l’œil du poète, se révèle lumineuse, rehaussée par des formulations originales de par leurs genres variés, passant du verset à la prose poétique, sans oublier l’essai et la méditation sur l’acte d’écrire. En marge de l’écrit, pour clore le livre, l’auteur rend talentueusement hommage à Samuel Taylor Coleridge avec une transposition et une adaptation de son poème narratif The Rime of the Ancient Mariner. Par son éclectisme et ses prouesses d’écriture, l’œuvre est passionnante, captivante, aérienne et raffinée : elle explore les potentialités du langage tout en ajoutant un éclairage lyrique au spectacle le plus simple du quotidien. Chaque image est ciselée, rendue avec un style maîtrisé, chargée d’une beauté étroitement liée à la qualité de la plume : érudite et pénétrante, énergique et fluide, sensible et moderne. La poésie d’Alain Gagnon, aux accents philosophiques, aborde des sujets universels sans jamais tomber dans la redite. Elle est habitée par des bribes d’enfance, des paysages de bords de mer, des propos transcendants, prenant parfois l’aspect et le ton d’un carnet de voyage, d’un journal de bord. Ce texte berce le lecteur, son souffle lui caresse l’âme, lui murmurant les mots des félicités estivales qui se consument toujours trop vite.

Rédactrice : Sandra F. Brassard

Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https://maykan2.wordpress.com/


L’œuvre des glaciers d’Emmanuel Simard…

2 octobre 2012

 

Prix Découverte du Salon du Livre : L’œuvre des glaciers d’Emmanuel Simard…

Opinion du jury :

L’œuvre des glaciers est un recueil introspectif et non conformiste dépeignant un univers sombre et tourmenté qui ne laisse pas indifférent. Une voix forte y résonne, assurément prometteuse dans sa démesure, heureux présage d’une carrière littéraire qui prend son envol avec cette première publication pleine d’intensité et d’authenticité. C’est une écriture organique qui s’y découvre : sans compromis, pure, vraie. Dans cette esthétique de fulgurance, de sensualité, de passion, de violence et de destruction, Emmanuel Simard fait entendre ce timbre poétique qui lui est particulier, d’une implacable dureté dans sa quête du sacré, créant du beau avec du laid. L’auteur s’amuse avec la forme, invite à la dérive des idées, à la fragmentation. D’une spontanéité et d’une logique qui rendent le texte inimitable, ses métaphores inusitées déstabilisent, décontenancent, percutent et choquent. Le lecteur est constamment chamboulé, renversé, stupéfait par la vision du monde marginale du poète qui écrit sans filet, sans balise, ne suivant que ce rythme primitif, instinctif, qui cadence sa pensée. Sa prose libre, qui se lit dans un mélange d’étonnement et d’admiration, témoigne d’un ressenti impressionnant, d’un imaginaire fastueux, d’une émotivité renversante qui ne s’embarrasse pas de convenances. Bref, les images percutantes et le souffle de cette publication sont révélateurs d’un talent manifeste, laissant deviner un bel avenir en littérature pour le jeune auteur.

Rédactrice : Sandra F. Brassard

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Salon du livre SLSJ : prix littéraires…

28 septembre 2012

Lauréats des Prix littéraires 2012 du Salon du livre…

 Saguenay, le 27 septembre 2012 – Ce soir, à la suite de la Cérémonie officielle d’ouverture de sa 48e édition, l’équipe du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean dévoile les lauréats des Prix littéraires 2012.

Les Prix littéraires, en plus de souligner la qualité exceptionnelle des oeuvres d’ici, sont dotés d’une bourse de 1000 $ pour les lauréats et d’une bourse de 250 $ pour les finalistes. Ils sont décernés pour des œuvres publiées entre le 1er janvier 2011 et le 30 mai 2012, ayant retenu l’attention des membres des jurys dans les différentes catégories.

Le lauréat du Prix littéraire Récit, décerné par Produits forestiers Résolu, est Samuel Archibald pour Arvida paru au Quartanier.

La lauréate du Prix littéraire Jeunesse, décerné par les Caisses Desjardins de Jonquière, Arvida et Kénogami, est Marjolaine Bouchard pour Autant en emporte le ventre illustré par Émilie Jean et publié à compte d’auteur.

Le lauréat du Prix littéraire Roman, décerné par Produits forestiers Résolu, est Larry Tremblay pour Le Christ obèse publié chez Alto.

Le lauréat du Prix littéraire Intérêt général est Roméo Bouchard pour La reconquête du Québec – Esdras Minville et le modèle gaspésien paru chez Écosociété.

Le lauréat du Prix littéraire Poésie est Alain Gagnon pour Chants d’août publié par Triptyque.

Le lauréat du Prix littéraire Découverte est Emmanuel Simard pour L’oeuvre des glaciers publié par les Poètes de Brousse.

Le lauréat du Prix littéraire des Lecteurs, décerné par Le Quotidien et Progrès Dimanche, est Samuel Archibald pour Arvida paru au Quartanier.

L’équipe et les membres du conseil d’administration du Salon du livre félicitent tous les auteurs en nomination, tout particulièrement les lauréats dont le talent a été récompensé.

Pour plus de détails sur tous les finalistes et les commentaires des jurys, consultez le site Internet www.salondulivre.ca dès aujourd’hui en cliquant sur l’onglet « Prix et concours ».

Source : Sandra F. Brassard

Coordonnatrice aux opérations et responsable des Prix littéraires

Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean

2675, boulevard du Royaume, C.P. 652

Jonquière (Québec) Canada G7X 7W4


Alain Gagnon : Présences au Salon International du livre de Québec…

10 avril 2012

Chez Marcel Broquet pour son roman fantastique Le bal des dieux :

— Le vendredi 13 avril : de 14 h à 15 h ; — Le samedi 14 avril : de 9 h 30 à 10 h 30 (stand 719)

Résumé

Ce thriller s’appuie sur la Genèse, la mythologie mésopotamienne, Le livre d’Énoch, le Popol Vuh, les prophéties des Hopis, les pères de l’Église… et prend prétexte des prédictions ayant trait au 21décembre 2012 pour dresser une fresque historique stupéfiante.

Ayant besoin d’esclaves, des dieux mineurs ont créé les hommes. Cette création s’est faite à l’encontre de la volonté expresse du Dieu Suprême. Certains de ces dieux délinquants ont poussé la rébellion jusqu’à se faire rendre un culte ; d’autres ont voulu détruire l’espèce humaine. D’autres encore se sont épris de l’humanité et l’ont protégée. D’où cette guerre dans les cieux dont parle l’Ancien Testament.

Et au cœur de ce drame à l’échelle cosmique, une histoire d’amour très contemporaine. Des plus banales et des plus inattendues. Entre Ishtar (la déesse-mère) et Marc Darlan, parapsychologue et enquêteur sur le paranormal. Ishtar va vers une fin certaine : elle a trahi les autres dieux en octroyant à ses enfants humains la curiosité qui allait les mener à la liberté, à la connaissance et à la révolte. Quant à Darlan, les nouvelles réalités de la Terre le dépassent. Son psychisme se dissout en même temps que se dissolvent le monde et le dictionnaire. Pendant que les cadavres des dieux circumnaviguent autour de la planète…

Toutefois, la vie de tous les jours se continue dans l’indifférence somnolente des humains.

L’auteur

D’une forte originalité thématique et formelle, Alain Gagnon compte plus de trente-cinq ouvrages à son actif : romans, recueils de poèmes, recueils de nouvelles et essais. Six ont été primés. La création littéraire est au centre de son existence. Écrivain, il est aussi directeur littéraire et directeur de collections, et il édite un blogue qui est devenu un véritable magazine : Le Chat Qui Louche : https://maykan.wordpress.com/

Aux éditions Triptyque pour son recueil de poèmes Chants d’août :

Le samedi 14 avril : de 10 h 30 à 11 h 30 (stand 419)

Résumé

Ce recueil est le prolongement d’une exploration langagière, esquissée avec Ces oiseaux de mémoire, et qui s’est poursuivie avec L’espace de la musique et Les versets du pluriel.

La poésie d’Alain Gagnon se déploie en des proses brèves, ciselées,qui chantent en mode mineur et magnifient le quotidien le plus immédiat.  Ouvrir un de ses recueils, c’est se laisser dériver sur une musique exigeante, dans un univers que nous offre, sans fioritures, la langue d’un poète en pleine possession de ses moyens.

Alain Gagnon a remporté à trois reprises le Prix fiction-poésie du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Ces oiseaux de mémoire en 2004,  pour L’espace de la musique en 2006 et pour Les versets du pluriel en 2009.  Président fondateur de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie, il est aussi l’auteur, entre autres, de Lélie ou la vie horizontale (2003), de Jakob, fils de Jakob (2004) et du Truc de l’oncle Henry (2006) – tous ces ouvrages sont parus aux Éditions Triptyque. Il a également remporté le Prix fiction-roman du même Salon en 1995 et 1997 avec ses romans Sud et Thomas K (Éd. de La Pleine Lune), et le Prix intérêt général en 2011 pour son essai Propos pour Jacob (Éd. La Grenouille Bleue).


Propos pour Jacob d’Alain Gagnon remporte le Prix…

22 septembre 2011

Pour son essai Propos pour Jacob, Alain Gagnon remporte le Prix Intérêt général du Salon du Livre–SLSJ…

Ci-dessous le communiqué du Salon et les commentaires du jury :

Saguenay, le 21 septembre 2011 – Toute l’équipe du Salon du livre dévoile aujourd’hui le lauréat du Prix Intérêt général 2011 du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Après délibérations sur les œuvres admissibles au Prix littéraire Intérêt général, le jury a retenu comme lauréat Alain Gagnon avec Propos pour Jacob, essai publié aux Éditions de La Grenouillère.

Commentaires du jury :

« Énoncées dans une langue étoffée et exquise, les pensées philosophiques d’Alain Gagnon foisonnent de références et de questionnements qui stimulent la conscience. Sous forme de lègue à son petit-fils, l’auteur conçoit son livre comme un héritage intellectuel et humain. Il réfléchit à des sujets qui le dépassent et l’interpellent : les religions, les mythes, l’origine de l’espèce humaine, l’éthique, la beauté, le pluriel et la destinée. Prenantes et captivantes, ses observations visent la transcendance. Ses remarques rigoureuses, puisées à la source du savoir universel, exhortent les lecteurs à la même rigueur. Les notions abordées sont partagées de façon à éveiller l’esprit critique. On devine la volonté d’outrepasser les évidences trompeuses, les présupposés, les mirages de l’esprit et les préceptes qui sont offerts aux gens comme des dogmes. Ce livre gagne à être lu et relu pour bien en intégrer la signification et la portée. Il s’agit d’un essai profond qui mérite d’être passé au crible, surligné, annoté. Propos pour Jacob bouscule, déstabilise et modifie les paysages intérieurs pour façonner une géographie idéologique aux frontières élargies. »

 Ne manquez pas d’assister à la soirée de remise des prix qui aura lieu le jeudi 29 septembre 2011, lors de la Cérémonie d’ouverture officielle de la 47e édition du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Les lauréats du Prix Découverte et du Prix des Lecteurs y seront dévoilés.

Ce qu’écrivait Yvon Paré du même essai dans le Progrès-Dimanche du 21 mars 2010 :

Alain Gagnon se confie à son petit-fils

Voilà un livre qui ressasse beaucoup plus de questions qu’il ne fournit de certitudes. Il est plutôt rare qu’un contemporain tente de tisser des liens entre la pensée de maintenant et des réflexions qui ont porté la civilisation occidentale.Alain Gagnon est de cette race de jongleurs qui restent fidèles à eux-mêmes sans se soucier des modes et des croyances. C’est rassurant, pour ne pas dire nécessaire de pouvoir lire ce genre d’ouvrage qu’on ne retrouvera certainement pas dans le palmarès des ventes. Il ne sera pas non plus l’un des invités de «Tout le monde en parle». Les écrits de cet écrivain sont là pour durer et résister à l’éphémère. Le genre de livre qui peut vous accompagner pendant toute une vie.
Testament
Alain Gagnon, dans «Propos pour Jakob», dans une sorte de testament intellectuel, lègue à son petit-fils ce qu’il a de plus précieux. Avec trente-quatre publications, cet écrivain est riche de mots et de phrases. Ici, il s’attarde à des questionnements qui ont marqué sa vie de lecteur et d’écrivain.
«À ma mort, je ne te laisserai rien ou si peu. Je serai pauvre. Par paresse, manque de discipline, insouciance et aptitude aux plaisirs, mes comptes en banque seront vides ou presque. Cet ouvrage te tiendra lieu de legs. Ne sois pas trop déçu. Je t’ai aimé comme personne, et j’espère me faire pardonner en t’offrant ce qui m’est le plus cher : sur quelques pages, ces intuitions puisées dans l’héritage commun et en moi-même, parfois. Si tu en tires quelque profit, je serai moins mort, et tu seras peut-être un peu plus vivant.» (p.9)
L’entreprise s’avère noble et intéressante. Le lecteur trouvera peut-être pourquoi cet écrivain a tant écrit, exploré l’essai, la poésie, le roman et le récit.
Les lectures
Des sujets, des questions ont suivi Alain Gagnon sans qu’il ne trouve de réponses définitives.
«Je tenterai d’expliquer ce qui toujours me dépasse. Je le saisis pleinement. Je ne me sous-estime pas, mais je connais l’ampleur du sujet, tout comme celle de mes insuffisances. Je m’avancerai donc à tâtons, à pas prudents de loup…» (p.9)
Qu’est-ce qui hante l’écrivain, l’homme, le père et le grand-père ? On pourrait résumer simplement : qui sommes-nous, pourquoi vivons-nous et où allons-nous ? Est-ce que la vie a un sens et où se situe l’homme dans cet univers affolant?
L’écrivain n’est pas de ceux qui se forcent à assister aux rituels et aux cérémonies liturgiques même s’il est croyant. Il parle plutôt d’une forme d’immanence, de Dieu qui est la source et l’aboutissement de tout. Certain de rien, il fait le pari de croire.
«À mon avis, le seul fait que l’humain soit en quête d’un univers plus éthique, prouve une source de l’éthique (Dieu) ; tout comme le seul fait que l’humain souhaite l’immortalité, incline à croire à sa propre immortalité, présente ou future. Il ne saurait désirer ce qu’il ne peut atteindre, comme individu ou espèce.» (p. 24)
Ces conclusions sembleront bien minces à l’athée ou à l’irréductible sceptique.
Les maîtres
Alain Gagnon revient à des penseurs qui l’ont accompagné toute sa vie. Marc-Aurèle entre autres.
«J’ai privilégié l’empereur, non pour m’attirer ses faveurs, il est mort ; mais plutôt parce que j’aime sa concision et, surtout, j’ai entretenu avec lui de longues fréquentations. Il n’a jamais quitté mon chevet. J’ai en main son ouvrage « Pensées pour moi-même » dans une traduction de Meunier, acheté la première année de mon mariage avec ta grand-mère. J’étais encore étudiant.» (p.31)
Il y a plusieurs de ces magisters qui l’accompagnent depuis toujours. Maître Eckhart, François Villon, Aurobindo, Teilhard de Chardin et bien d’autres. Il ne manque pas non plus de secouer certains de ses ouvrages : «Lélie ou la vie horizontale», «Thomas K» et «Kassauan». On retrouve là la fibre qui porte l’entreprise d’écriture riche et diversifiée de cet écrivain. Il se fait compagnon de Jean Désy qui s’attarde aux mêmes questions dans «Âme, foi et poésie». La réflexion d’un homme qui sent le besoin de regarder derrière lui pour mieux entreprendre le reste de la traversée.
«Propos pour Jakob » d’Alain Gagnon est publié à la Grenouille bleue.
Source : http://yvonpare.blogspot.com/

Chroniques de Québec… par Jean-Marc Ouellet

15 avril 2011

Un homme, une table, des livres…

Il s’assoit. Nerveux. Il transpire. Il ajuste son chandail, sort son stylo. L’utilisera-t-il ? Qui sait ? C’est la première fois.

Il regarde sur la table. Des livres y sont déposés, des livres identiques, chers dans son cœur. C’est son livre. Son premier.

Il lève la tête, regarde autour. Il y a des gens, un tas de gens. Il y a aussi des livres, un tas de livres. Et les gens regardent les livres qui, patiemment, se laissent regarder. Parfois, un homme, une femme, en attrape un sur un présentoir, le feuillète. Plusieurs le replacent, quelques-uns passent à la caisse.

Personne n’attrape le livre de l’homme. Certains le regardent, il est vrai, en passant. Mais personne n’arrête. Pour l’instant. Pour l’instant.

À côté, des lecteurs impatients font la file pour faire dédicacer leur exemplaire du livre  d’un auteur à succès. Ils ont chaud. Certains piétinent, d’autres s’étirent, se dégourdissent, mais pas question de partir, pas question de louper cette occasion unique. Un instant, notre homme se sent seul, ou soulagé. Il entrevoit la vedette qui écrit, et écrit, signant chaque exemplaire vendu, un sourire qui se force parfois.

De nouveau, l’homme regarde les spécimens de son propre livre. Il n’y a personne devant son stand. Il n’y a que les exemplaires de son bébé, de cet être qui veut vivre, qui vit, après cette longue gestation. Il est bon son livre. Il le sent, il le sait. Mais les autres, eux, ne le savent pas. Pas encore. Mais ça viendra. Oui. Ça viendra. L’homme a confiance. Il est son père après tout. Il l’aime donc, comme un père peut aimer.

Une femme arrête devant sa table. Il lève les yeux. Il la reconnaît. Une ancienne consœur de travail.

−       Je ne savais pas que tu écrivais, qu’elle demande.

−       Eh oui, et j’adore ça.

Et la femme s’informe, du petit secret qui se révèle, du livre devant elle, sur la table. Elle en prend un exemplaire, et sans même le regarder, demande une dédicace.

L’homme sourit, prend le livre,  tremble. Il récupère sa plume, oubliée près des bouquins, sur la table. Il ouvre les premières pages, et écrit. Il transpire, cherche les mots. C’est la première fois.

−       J’ai hâte de lire ça.

La femme semble heureuse. L’écrivain lui sourit et la salue de la main alors qu’elle passe à la caisse. Lui aussi, il espère qu’elle l’aimera son livre. Pas facile d’encaisser la critique, surtout la mauvaise. Cette peur d’être jugé qu’il faut apprivoiser. C’est si nouveau.

Un homme suit. Un inconnu. Il s’arrête, prend le livre, lit le texte de la page 4, la couverture arrière. Il semble intéressé. Il s’informe de l’histoire. L’écrivain répond, heureux qu’on s’intéresse à lui, à son bébé. Il y prend goût. L’étranger tend le livre et demande un mot. L’homme se soumet. Radieux.

L’histoire ne fait que commencer. Pour la suite… on verra.

***

Depuis des années, je fréquente le Salon du livre de Québec. Normal,  j’aime les livres. Circulant anonyme dans les allées, me faufilant à travers les files d’attente de gens en quête de mots manuscrits de leur auteur préféré, observant ces autres, ces hommes et ces femmes qui attendent de l’autre côté de leur stand que quelqu’un fasse attention à eux, à leur livre, je me demande quel sentiment m’envahirait si j’étais là, à leur place, dédicaçant une tonne de mes livres, ou espérant qu’un seul lecteur potentiel vienne me voir, me parle de tout et de rien, mais surtout de livres, de mon livre. Je me demande combien réalisent la somme de travail dans ce petit paquet de feuilles couvertes d’encre. Au moment d’écrire les lignes que vous lisez en ce moment, je n’ai pas encore de réponses. Demain, ou après-demain, j’en aurai peut-être. Ce sera mon premier lancement, ma première dédicace. La première fois.

Notice biographique

Jean-Marc Ouellet est né le 11 septembre 1959 à Rimouski.  Il a grandi sur une ferme du Lac-des-Aigles, petite municipalité du Bas-du-Fleuve, jusqu’à l’âge de 15 ans. Après l’obtention de son diplôme de médecine à l’Université Laval, il a reçu une formation en anesthésiologie à Québec, puis à Montréal. Il a amorcé sa carrière médicale à Saint-Hyacinthe, pour la poursuivre ensuite à Québec jusqu’à ce jour. Féru de sciences et de philosophie, il s’intéresse à toutes les littératures, mais il avoue son faible pour la fiction. Chaque année, depuis le début de sa pratique médicale, pour du dépannage, il passe plusieurs semaines en région ; il s’accorde alors un peu de solitude pour lire et écrire. L’homme des jours oubliés, son premier roman, est lancé cette fin de semaine au Salon du livre de Québec (Éditions de la Grenouillère).  Il est maintenant chroniqueur régulier pour le magazine littéraire Le Chat Qui Louche où il avait déjà publié des nouvelles.


Je me souviens : F.-A. Savard…

27 octobre 2010

Voisin de bornes…

L’initiative du Salon du Livre a inscrit biographie et texte de trente-six auteurs sur des bornes de bon goût , à proximité de trois rivières, dans

Félix-Antoine Savard

les arrondissements de Jonquière, de Chicoutimi et de La Baie.  J’ai de l’admiration pour la personnalité et l’art de la majorité de ceux qui m’avoisinent, vivants et morts. Toutefois, un disparu m’impressionne plus que les  autres.  Et il m’avait déjà impressionné alors que j’étais plus jeune ; j’oserais même écrire qu’il est partiellement responsable du fait que je sois devenu auteur.  (Ce pour quoi je devrais lui en vouloir, si je n’avais pas si doux caractère…)  Il s’appelle Félix-Antoine ; il était curé et immense écrivain.

J’avais 16 ans.  En ces temps de pauvreté livresque, j’ignore comment Le Barachois avait échoué sur le bureau du maître.  Pendant la récréation, j’avais ouvert le volume et lu avec stupéfaction les lignes que vous allez lire ci-dessous.  Après la cloche, je dis au frère qui saisissait mon admiration et me demandait : — Ça t’a plu, hein ?  – C’est trop beau…  J’aimerais écrire comme ça.  Le mariste avait haussé les épaules et bien ri. – Tu as besoin de t’améliorer, et de beaucoup.  Pensez donc, vouloir égaler monseigneur Savard !  Il riait ; moi, je ne riais pas.  J’étais à la fois blessé et souqué – c’est-à dire incité à montrer ce que je pouvais faire.  Je me suis procuré l’ouvrage, l’ai lu et relu, et tous les autres de Savard, et bien d’autres livres…  J’ai écrit au père de Menaud ; il m’a répondu sur  son papier Saint-Gilles ; m’a invité…  Jamais je n’ai oublié ces lignes.

Le huard (extrait)

(…)

Le huard, lui, vole peu.

Aux envolées extrêmes, il préfère l’acte de nager, de connaître et interpréter les rives, et de concerter avec l’écho.

Il a la tête autoritaire, des yeux d’ardents rubis, un cou de velours muant du vert au bleu, un collier de nacre larme de noir, un superbe manteau pailleté de gouttelettes, qu’il porte avec lenteur parmi les lis, comme s’il sortait d’entre les perles de la mer ou la rosée du matin.

Les lacs les plus sauvages et reclus, les sanctuaires inviolés, les forêts attentives, tels sont les lieux qu’il choisit pour l’exercice de son art, pour le jeu de ses ébats et de ses amours.

À l’aube, dès qu’au profond jardin de l’eau, les mirages ont commencé d’éclore, il quitte ses quenouilles, et procède à maintes ablutions égayées de virevoltes et frissons de délices.

(Extrait de Le Barachois, Éditions Fides.)

(Monseigneur, aujourd’hui je vous retrancherais quelques adjectifs…  Mais, merci tout de même.  C’est pour moi un honneur de me retrouver borné à quelques enjambées de vous. A.G.)


Salon du livre : un texte de Pierre Patenaude…

2 octobre 2010

Pierre Patenaude

Oreste Bouchard craint d’aller au Salon du livre de Fjordcity.  Il annonce à une directrice littéraire, fantasme de son imagination, sa venue à la foire des éditeurs.  Une telle démarche pourrait jouer en sa faveur, mais la lâcheté le cloue.

Je garde le cap.  Je suis loin de la coupe aux lèvres.  Je le dis.  Je me le redis.  Malgré la soif, j’envisage.  Vous viendrez le premier octobre  au Salon du livre de Fjordcity, suivie d’une horde d’écrivains.  Je traînerai mon ombre entre les étals, un café à la main, un manuscrit dans l’autre.  J’arrêterai causer.  Je tousserai, échapperai mon écrit, le ramasserai, me redresserai et trouverai le moyen de braquer le titre : Le Roseau.  Vous avez aimé ?  Vous avez bien reçu la copie ?  J’attends votre motif.  J’espère.  Je me languis.  Je ne vis plus.  Mon œuvre me tient à cœur,  mais je crains le risible à ravir le mot œuvre.  Puis-je m’élever à ce point ?  Seuls les pur-sang de votre écurie auraient droit à ces deux syllabes ?

J’achèterai des livres au kiosque.  Vos poulains dédicaceront.  Vos pouliches aussi !  Je flânerai à l’enseigne  de la somptueuse collection La Verte Rainette, succursale du Borisk.  Vous me jaugerez.  Je serai de glace.  Si nos regards se croisaient, je vendrais la mèche.  Ne me craignez point.  Vous êtes à l’abri dans votre monde.  Je suis un être de paix et d’ardeur.  Serez-vous, après, au Hilton ?  Vous avez quitté ?  Un malin serait assis à votre place !  Cela me tuerait.  Durez.  Je vous veux comme directrice littéraire.

Oui, je sortirai de mon village.  Je rôderai près des carrousels de livres.  Le conseil de gestion des Éditions du Borisk vous aura mandée.  Oui, oui !  Je dis.  Vous savez, j’ai investi amour et passion dans l’écriture.  J’ai porté la chose.  Le travail m’a tué.  Les contractions m’ont déchiré.  L’enfant : un pseudocyesis — la dérision, je la souffre si elle est de moi.  J’ose crier.  Je m’alloue ce droit.  Je me convaincs de l’utilité de ma vie et de mon œuvre.  N’est-ce pas le propre de l’écrivain ?  D’un artiste, au pire ?  Quand je serai publié, je percevrai des droits, des royalties.  J’irai à la radio, à la télé, dans les écoles.  Vous paierez mes frais.  J’irai chercher notre prix à Paris.  La mention gonflera votre chiffre d’affaire.  Nous serons scénarisés.  Je vous le souhaite.  Pourquoi pas ?  Jésus a changé l’eau en vin.

Oubliez ces bêtises.  Je capote.  Je suis dur.  Qui ne l’est pas ?  Et par inadvertance, de surcroît !  Vous avez inventé la cruauté.  Je suis d’accord.  L’essai et l’épreuve vous ont refroidie.  Vous êtes culottée de semer le désarroi et de bien dormir.  La lettre de refus nuit.  Nous, les impubliables, avons un cœur.  Pensez à tous ces rabroués.  Vous heurtez, madame.  Pour ma part, j’acquiesce.  Les autres ?  J’ignore.  La bile sortie, j’absous.

La fatigue – en plus de l’inadvertance – tiédit votre imputation devant ces choix, ces aspirants à balayer sous le tapis.  Je me risque à vous interpeler.  Je tente de m’imposer.  J’ose allier cet élan à l’écriture.  Je n’ai rien à perdre.  Ma dernière carte est sur la table.  Après, je verrai si, le cas échéant, vous me tassez comme ce cendrier.  Lisez-moi jusqu’à la fin, au lieu de me survoler.  Oubliez ce dîner de tout à l’heure avec l’inhumain qui écrit des vétilles.

Pierre Patenaude est un écrivain\écrivant qui devrait publier bientôt son premier roman. Il nous a soumis ce texte d’une profonde originalité qui entremêle nature et écriture.  C’est le troisième texte qu’il présente sur ce blogue.  Naïveté apparente et ironie froide s’y côtoient.  Sa phrase a la précision, la vivacité et la retenue des grands satiristes.



Notes de lecture… Un essai percutant de Marie-Paule Villeneuve !

11 mars 2010

Le tiers-monde au fond de nos bois de Marie-Paule Villeneuve, Fides, 2009

Marie-Paule Villeneuve

Un sujet que peu connaissent — et ceux qui savent préfèrent probablement se taire, fermer les yeux, regarder ailleurs.  En compagnie de Marie-Paule Villeneuve, nous pénétrons dans le monde des reboiseurs et, surtout, des débroussailleurs de l’Abitibi, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent.  Les conditions de vie y sont généralement d’une âpreté à peine concevable pour notre ère postindustrielle, sauf exceptions.  Car, dans ce monde où les donneurs de contrats diluent leurs responsabilités morales en amoncelant les sous-contracteurs, il y a des exceptions.  Surnagent quelques bons boss qui traitent correctement leurs employés : c’est-à-dire qu’ils leur paient leur dû, les logent  et les nourrissent convenablement.  Toutefois, règle générale, l’arbitraire règne en maître, comme s’il n’existait  pas de codes de loi,  de normes minimales du travail.

Madame Villeneuve a réalisé une enquête qualitative, avec les faiblesses et les forces de cette approche.  Elle pratique le terrain et interviewe contremaîtres, contracteurs et travailleurs en situation.  Nous partageons à chaud le vécu du débroussaillage et les  justifications maladroites de quelques mauvaises consciences, à qui le système actuel profite un peu ou beaucoup.  Une impression se dégage de l’ensemble : les vrais coupables (cadres supérieurs de grandes entreprises et politiciens) ne sont jamais à la barre.

Dans une langue claire et efficace, Marie-Paule Villeneuve nous fait vivre le quotidien de ceux qui n’ont pas le choix de travailler dans ces conditions pénibles, de façon à accumuler suffisamment d’heures pour pouvoir bénéficier des gros timbres de chômage.  Ce qu’elle décrit (avec subjectivité, mais avec honnêteté) est un pan de notre vie sociale en région-ressources.  C’est nous, et ça nous appartient, que nous aimions ces images ou non.  Les premières lignes de sa conclusion semblent indiquer une volonté de l’auteure de donner  suite à cet essai  — ou inviter d’autres auteurs à ce faire : « Une histoire racontée une fois, par une seule personne, cela laisse place au questionnement.  Lorsque l’histoire est répétée une dizaine de fois par autant de sources indépendantes, le questionnement se poursuit. Et si elle est balayée sous le tapis par des porte-parole officiels, cela laisse planer un doute.  Le doute, c’est là où j’en suis en conclusion. »

Ce livre révèle une plaie qui dure.  Il mériterait plus d’attention médiatique.  Que de bluettes attirent caméras et micros, alors que des ouvrages significatifs, importants comme celui-là, passent presque inaperçus.  Hier, Jacques Godbout accordait une entrevue à Richard Martineau sur une compilation d’articles qu’il a écrits jadis pour l’ Actualité…  Je n’ai rien contre Godbout ; il a mérité sa notoriété.  Mais, de temps en temps, faudrait tout de même que les recherchistes secouent leur paresse et cherchent les noms qui ont moins de panache, mais ont  aussi des choses importantes à nous dire, à nous révéler sur nous-mêmes.

Notice biographique :

Journaliste bien connue, Marie-Paule Villeneuve s’intéresse depuis longtemps au monde du travail. En 1999, elle a publié L’enfant cigarier, un roman qui présentait un enfant de neuf ans à l’emploi d’une usine de Sherbrooke , fin du XIXe siècle. C’est à elle  qu’on doit également Les demoiselles aux allumettes et Derniers quarts de travail, un recueil de nouvelles qui dénoncent les congédiements abusifs et les désenchantements liés à l’exercice d’un emploi. Ce dernier ouvrage lui a valu un prix littéraire au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean (2004).


Faits non divers… Un oiseau dans le noir et le froid du Salon…

24 février 2010

Cokatiel et Salon…

Il y a de ces souvenirs, de ces images qui nous reviennent souvent et semblent porter signification.  Pourtant, ils ne se raccrochent en rien à quelque chose de très tragique ou d’extraordinaire.

Hier, je me demandais si j’irais ou non au Salon du Livre de Québec en avril.  Et m’est revenu en mémoire cet oiseau auquel je rêve souvent.  C’était en avril de l’année dernière.  Nous prenions l’apéro vers 18 h, dans notre chambre, au septième ou huitième étage du Delta.  La vue sur le bassin Louise et la basse-ville y est magnifique.  Soudain, Lucie m’a dit : « Regarde donc le drôle d’oiseau. »  Un volatille  à tête d’un jaune éclatant, une huppe bien dessinée, tache orange sous l’œil, plastron et ailes grisâtres, de petits yeux vifs et noirs.  Taille un peu plus réduite que celle  d’un cardinal.  Exotique en grand.  Il nous apparaissait perdu, et perdu il était.  Animal domestique, ce cokatiel, originaire de l’Australie centrale, a la réputation de s’enfuir et de se perdre dans la nature.  Il faisait un vent fort et froid.  Je ne donnais pas cher de sa peau.  Il arpentait le rebord de la fenêtre, semblait vouloir entrer.  Mais comme me disait un garçon d’étage : « Ces fenêtres-là sont faites pour regarder dehors, pas pour s’ouvrir à la visite. »

Que faire ?  Téléphoner à la SPCA ?  Aux pompiers ?  Tout de même !  Grimper à cette hauteur pour ensuite voir l’oiseau s’envoler…  Nous avons pris des photos.

À mon presque soulagement, il est parti.

Cette nuit-là, je me suis levé plusieurs fois, pour sonder le noir où brillaient les lumières de la ville.  Je me demandais si, en Australie centrale, les nuits sont froides.  S’il n’était pas retourné dans sa cage dorée, si, si, si…  Depuis ce jour, le Salon de Québec et le cokatiel ne font qu’un dans mon armoire à souvenirs qui grince.


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