Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…

3 février 2015

  Le voyageur

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Lorsque je peins, je veux m’adresser à l’esprit des gens, aller au-delà du concret. Je suis à la recherche de la vérité, de l’essence du sujet. En ce qui concerne « Le voyageur », c’est dans le regard qu’il pose que j’ai souhaité voir la magie opérer. La pièce a été créée de quelques coups de crayon et de la superposition et du retrait des couleurs. Je n’éprouve pas le besoin d’inclure plusieurs détails, j’ai le désir de transmettre rapidement un message, une émotion. Bien que toutes les interprétations conviennent, je voulais rendre l’intensité de la vie et le mystère que dégageait l’homme.

Dirigeant la danse de l’eau et des pigments sur le papier humide, mon large pinceau devenait maître de la cérémonie. J’accentuais ou atténuais la lumière. Naturellement, l’ombre se logeait dans les endroits à l’abri de la clarté du jour. J’imprégnais dans la fibre du papier ma perception de ce personnage que je ne connaissais pas. J’étais consciente que cet homme me touchait. Nul doute que par moment il choisissait la solitude. Par contre, c’était fort possible que ce ne soit pas pour les mêmes raisons que moi.

L’unique fois où je l’ai vu, c’était près de la mer, sur une plage scintillante et balayée par le vent. Ce voyageur avait attiré mon attention sans même ouvrir la bouche. Mon œil avait détecté ce besoin de retrait qui l’habite. Il m’inspirait. Alors, je pris le temps de me vêtir d’une robe de plage et d’attraper mon appareil photo au passage. J’entamai une courte conversation avec lui, je saisis un cliché et retournai m’étendre sur le sable doré.

Les yeux fermés, je visualisais mon tableau en humant l’air salin qui m’enivrait. Est-ce qu’il vivait cette solitude pour fuir une triste réalité ? Je savais que j’arriverais probablement à lui décrocher un sourire lorsqu’il apercevrait son portrait… Ce qui faisait ma joie !

La solitude est une amie qui me permet d’afficher mes couleurs sur papier. Avant de m’endormir, je savourais le bonheur d’être seule avec moi-même : pour mieux m’entendre, tout comme mieux entendre le murmure des vagues.

Virginie Tanguay

Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estchat qui louche maykan alain gagnon francophonie près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…

29 décembre 2014

Le grand débordement

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 Le mois de mai 1926 marqua à jamais la vie des Jeannois qui assistèrent, impuissants, à ce que les colons appelèrent « La tragédie ». La plus grande industrie d’aluminium au monde avait été construite sur les rives du Lac Saint-Jean. La mise en fonction des barrages provoqua des conséquences désastreuses. C’est l’âme et le cœur du lac et de ses habitants qui furent déchirés…

 L’eau montait sans arrêt et d’une façon espiègle. La lenteur avec laquelle elle s’avançait la rendait traîtresse. Cette force naturelle engloutissait tout sur son passage. Ne reculant devant rien, elle avalait les terres en friche, déracinait les arbres, délogeait les rochers. Le ciel impressionnant, d’un bleu électrique, semblait porteur d’un mauvais présage. La brume stagnante ajoutait une touche sinistre au paysage. L’inquiétude planait chez les villageois.

 Les jours passaient. La situation déplorable n’allait pas en s’améliorant. Les habitants gardaient l’œil ouvert. On avisait les enfants de se tenir loin des berges et on accrochait des chapelets aux cordes à linge. Malgré tout, comme chaque dimanche matin, les cloches de l’église Notre-Dame sonnèrent. En bons chrétiens, les habitants répondaient à l’appel et se rassemblaient sur le parvis. On pouvait lire la désolation sur les visages fatigués.

 C’est alors que Jérémie Potvin, cultivateur, arriva à la dernière minute en se faufilant à travers la foule. Au passage, il laissa des empreintes de boue sur les planches de bois et ferma d’un coup sec les grandes portes de l’église. S’excusant au curé qui n’osa placer un mot, il lui demanda la permission de prendre la parole. Le silence régnait.

 Cet homme sortait très peu de son lopin de terre, sauf pour se rendre au moulin à farine le long de la rivière Ouiatchouanish. M. Potvin était un cultivateur acharné. Ses larges mains savaient manier la sciotte, semer le grain, réparer la machinerie et caresser la peau de sa femme qui lui avait donné treize enfants. Derrière sa carrure imposante se cachait un homme aux grandes convictions. Lorsqu’il prit parole, sa voix résonna si fort qu’on l’entendit dans tout le comté !

 «  J’me tiens debout en tant que président du comité de défense des cultivateurs ! Monsieur le maire dit haut et fort qu’il ne faut pas empêcher le développement économique du Lac-Saint-Jean. Y’a pas tort, mais se serait-ti possible, enfin, de s’accorder avec l’gouvernement pis la compagnie ? Qu’essé qui nous nourrit, qu’éssé qui nous réunit… c’est nos terres ! Y ambitionnent su’l pain béni ! Y faudrait qu’y acceptent de rebaisser les eaux pour qu’on récupère nos biens. Y pourraient prendre leur réserve dans la rivière Péribonka ! Y’a à peu près pas un chat qui habite par là, y’aurait moins de dommages ! Ce serait donc de v’aleur de se faire manger la laine su’l dos !

 À ce qui disent, on est reculés par l’tonnerre, mais y savent ben que grâce à nos richesses y vont s’en mettre plein les poches ! J’arrive du quai du Roberval… ben enfin, de ce qui en reste. Même les rails disparaissent dans l’eau. A fallu que j’laisse ma charrette là-bas pour m’en venir icitte à pied, y’a trop d’eau su’l boulevard Saint-Joseph. C’est rendu que les égouts refoulent pis que les pitounes s’empilent devant les façades. Ça r’garde mal, ça r’garde ben mal. Comme c’est là, on a perdu des milliers d’acres de terres… C’est à croire que ce qui est une tragédie pour nous ne l’est pas pour eux ! »

Virginie Tanguay

  Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estchat qui louche maykan alain gagnon francophonie près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

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Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…

9 décembre 2014

        Entrons dans la danse !    

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Je les admirais et constatais à quel point la danse, c’est une prise de parole ! J’ai toujours associé mes propos à un geste. C’est à croire qu’il me faillait être là, à ce moment précis, dans un bar de Varadero. J’étais captivée par l’interaction des danseurs sur la piste. En fait, par l’harmonie des corps qui se mélangeaient et des langues qui se courtisaient. L’espagnol, le français et l’anglais cherchaient à se faire entendre parmi les sonorités suaves de la musique cubaine.

 Cette prise de parole me permettait de distinguer facilement les identités. La sensualité des Cubains s’exprimait par leurs déhanchements naturels et sexys. Leurs pas de danse, en accord avec les mouvements de leurs bras, m’invitaient à me joindre à eux. Sur place, les touristes québécois s’imprégnaient de la musique et des odeurs pénétrantes des cigares bon marché. Le coin de rue où nous nous trouvions se transformait en une grande scène remplie de talents, de sourires, d’essais et d’erreurs dans les chorégraphies.

 J’étais sous l’effet agréable du Mojito qui me coulait dans les veines. Les saveurs pétillantes de menthe fraiche, de sucre et de rhum blanc contenues dans cette boisson me revigoraient. Dans mon esprit, l’image d’un danseur cubain se fondait avec celle du danseur amérindien que j’avais peint avant de partir en voyage. C’était évident, leurs manifestations festives étaient une occasion de faire vivre l’héritage culturel, mais également un moment d’échanger en famille, entre amis et avec de purs étrangers.

 

Je me souvenais que, chez moi, au Canada, les danses amérindiennes avaient souvent été mal vues par les non-autochtones, qui les considéraient comme des danses de guerre. Elles ont été la cible de répression par les gouvernements canadien et américain. Ce n’est que dans les années 50 que l’opinion des Canadiens s’est modifiée et que la loi a légalisé les cérémonies.

 Les danses racontent souvent des histoires ; il suffit d’écouter. On y ressent tout le courage et toute la ruse déployés. Les gestes gracieux des femmes, qui s’y faufilent dans des vêtements colorés, évoquent l’importance de celles-ci.

 Évitons de percevoir une concurrence entre les langues et efforçons-nous de les entremêler, pour en arriver à nous distinguer, à partager nos expériences et nos visions. La danse crée un lien entre les nations. Suivons le rythme et… entrons dans la danse !

 Virginie Tanguay

 

 Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estchat qui louche maykan alain gagnon francophonie près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

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10 novembre 2014

 Village du Grand Nord

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     Le Grand Nord canadien, c’est un blanc paysage qui paraît prisonnier du gel. À l’œil de l’artiste, cette étendue semble figée dans le temps, malgré les milliards d’années de transformations géologiques. Le calme que j’y perçois laisse place à l’inspiration. Mon cœur se réchauffe à l’idée de m’introduire dans l’un de ces villages. Je veux ressentir l’énergie, la chaleur humaine et continuer de croire que là-bas certaines valeurs familiales ne se perdent pas dans un mode de vie turbulent, essoufflant.

     L’homme qui habite le Nord voit l’immensité. Les couleurs que suggère le ciel boréal le font rêver. Il choisit d’y être parce que là-bas le mot « vivre » prend tout son sens. Même si parfois l’aiguille de sa boussole devient folle, elle finit toujours par pointer l’azur.

     À l’occasion, il regarde dans d’autres directions et pense aux plaisirs qui lui échappent. Ce qui l’attire de la zone inconnue, ce sont les odeurs, les formes et les couleurs. Il ferme les yeux et il se surprend à flairer des parfums aux notes vanillées et ambrées qu’accentue l’humidité de l’air. La vapeur d’eau de son souffle chaud trace un sillon dans la froidure de l’hiver. C’est la température mordante qui le ramène chez lui. Avec puissance, le vent caresse les lits de roches dénudées qui affleurent.

      Rivés à leur téléviseur, les villageois constatent que l’inquiétude et la souffrance mènent le monde. Ils se sentent loin et étourdis par cette triste réalité. Sur l’écran défilent des scènes de la guerre en Iran, d’enfants orphelins, d’épidémies… Sur les autres chaînes, toujours de la misère ou des émissions vides de contenu. Tandis que tombent les bombes, eux veillent sur leur famille et s’affairent aux tâches quotidiennes. Unis par la culture, les traditions, la langue, ils ont ce sentiment d’appartenance qui contribue à l’équilibre psychologique.

     Possédant peu de biens matériels, ils savent que le bonheur se trouve en chacun de nous. Un geste tendre, un regard différent donnent une agréable saveur au quotidien… Vivre en territoire éloigné permet sans doute de se rapprocher de la vérité.

 Virginie Tanguay        

 

 Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estchat qui louche maykan alain gagnon francophonie près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

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13 octobre 2014

 Le lac Roland

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 C’est un autre matin où la brume se lève dans mon coin de pays… Un de ces moments où je trouve le décor particulièrement envoûtant. J’ai envie de m’exiler, seule. Je me dis que nous possédons tous un endroit où l’on aime se retrouver. Mon exil se cache quelque part entre le lac des Iroquois et celui des Goélands : un lieu où s’exhibe la nature dans ses riches arômes. Je pars à l’aventure en Jeep, le bonheur glissé dans la poche de ma chemise rouge à carreaux.

Au chalet, j’aime me réveiller au son caverneux du butor d’Amérique. Cet oiseau y vit depuis toujours et refuse de quitter l’endroit. Son cri arrive à rompre la tranquillité et glisse sur l’eau, pour ensuite se perdre à travers les montagnes. Les grenouilles vertes chantent en cœur et leur symphonie s’évanouit sur les rives lointaines du plan d’eau. Je réalise, une fois de plus, que le silence me parle, et qu’il me faut écouter la nature.

Accueillie dans ce coin de paradis en forêt, je me considère comme une visiteuse privilégiée. Je marche dans le sentier battu par mon père et j’observe l’environnement. J’y retrouve toujours la source qu’il me pointait. Je me souviens. Ses mains d’homme maniaient adroitement un morceau d’écorce pour en former un cornet avec lequel je m’abreuvais. Il m’enseignait l’art d’adapter les éléments naturels à mon quotidien. Ces végétaux, cette faune, ces lacs et ces rivières, ces flancs de montagne, qui permettent le ressourcement, méritent qu’on les protège.

 Depuis une cinquantaine d’années, des membres de ma famille fréquentent avec assiduité ce secteur. En fait, plusieurs personnes sont passées avant moi. Je suis une femme parmi tant d’autres qui apprécie la sérénité de ce lieu.

 À l’époque, la grande famille de Roland Couture passait l’été au chalet. Des lits superposés logeaient les estivants ; dans l’habitation voisine se trouvait la pièce principale : c’était le lieu de rassemblement. On y retrouvait la pompe à eau, la table à manger, le poêle à bois, des lits et une chaise berçante qui, à chaque mouvement, faisait craquer le plancher. C’est là que tante Huguette roulait la pâte à tarte aux bleuets, pendant que les truites mouchetées, panées de farine, se tortillaient dans le poêlon. À la tombée du jour, elle faisait bouillir de l’eau, qu’elle tiédissait en emplissant une chaudière et nettoyait les pieds terreux de ses enfants. Ils menaient là une vie sans artifices, où l’essentiel demeurait invisible.

Ce milieu naturel si fragile et si puissant à la fois m’émeut ; et il y a cette lumière qui tamise le paysage ! Je n’ai pas envie de parler quand je me trouve face au lac Roland. Je m’imprègne de l’atmosphère et remercie le ciel « d’être », tout simplement.

 Virginie Tanguay

 Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estchat qui louche maykan alain gagnon francophonie près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

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16 septembre 2014

 Le vieil homme et l’enfant

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 Je vais vous raconter l’histoire d’un homme en quête de liberté qui est mort là où il avait choisi de finir ses jours, dans la forêt de ses ancêtres, au nord du cinquantième parallèle.

 Fier représentant du peuple montagnais du Lac Saint-Jean, cet Amérindien gardait en mémoire de profondes valeurs humaines et un respect inconditionnel pour la nature.

 Le sang qui lui coulait dans ses veines était écarlate : couleur de la passion… mâtinée de courage et d’une certaine timidité.

 Si son cœur pouvait me parler aujourd’hui, il me présenterait sans doute des cicatrices laissées par les abus de certains Blancs qui l’ont jugé à tort. Il fut traité à répétition de primitif et de paresseux. Gardant le silence, il encaissait les frustrations. Si ces gens là sont toujours vivants, je souhaite qu’ils comprennent que vivre en harmonie, c’est vivre heureux.

 Les Amérindiens pratiquaient différentes activités selon les saisons. L’hiver, les Montagnais de l’époque se dispersaient en petits groupes et partaient à la chasse. Notre vieil homme, dans son jeune temps, y participait année après année.

 C’est avec peine et misère qu’ils trappaient dans des conditions climatiques extrêmes, dormaient dehors et devaient être innovateurs pour survivre. Mon vieil ami était loin d’être lâche… Et plusieurs ont profités de ses compétences de guide et de chasseur.

 Le long voyage qui séparait les époux ne les empêchait pas de se rêver, rendant les retrouvailles des plus attendues.

 Le printemps venu, les canots d’écorces de bouleau apparaissaient sur la ligne d’horizon, au large du lac Saint-Jean. Ils étaient dirigés par les maitres trappeurs qui avironnaient avec puissance. Le panorama évoquait calme et beauté. À la vue de leur cargaison, on devinait la joie qui les habitait. Des fourrures de toutes sortes couvraient le fond de l’embarcation : martres, loutres, visons, castors, rats musqué, belettes, pécans, loups, renards et lynx.

 Comme la plupart des Montagnais, le vieil Amérindien, avait appris à vivre sur une réserve, il s’était adapté à l’enseignement des missionnaires et était devenu catholique. Ainsi s’écoulait le temps…

 Les années passèrent, l’homme comprit qu’il s’avançait vers le seuil de la mort. Il s’endormait de plus en plus, suivant en cela le rythme de la forêt qui prenait les couleurs de l’automne. Avec courage, il demanda à ses proches d’être conduit en hydravion et laissé seul à son camp, situé sur son ancien territoire de chasse. C’est à travers les eaux limpides de son lac et dans le souffle du vent qu’il voyait Dieu.

 Il prit soin d’accrocher ses mocassins à la branche d’une épinette noire pour qu’on se souvienne de lui. Enfin libre, il ferma les yeux, à jamais bordé par les couvertures de laine que sa femme avait tissées. Son corps fut retrouvé le printemps suivant.

 Le sang du défunt coule dans les veines de l’enfant que j’ai peint. Celui-ci connaît l’histoire de son arrière grand-père, il marche dans ses traces. Malgré le fait qu’il s’inquiète de son avenir, le petit Amérindien souhaite battre de nouveaux sentiers. Ce matin là, j’aurais aimé peindre un enfant tout sourire et sans crainte.

 Virginie Tanguay

Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estchat qui louche maykan alain gagnon près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

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1 septembre 2014

          L’appel de la maternité

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        Son ventre de lune pointait l’absolu.  Maude était étendue sur le lit qui épousait les courbes de son corps.  Elle se détendait, fermait les yeux, le temps de me laisser visualiser le tableau.  Moi, l’artiste, j’allais peindre cette femme, cette amie, qui allait donner la vie !  Ce moment unique et partagé me donnait le privilège de rendre sur papier la splendeur de la maternité.

           Le rideau diaphane filtrait la lueur du jour.  C’est au moment précis où un rayon de lumière fit scintiller ses seins et son ventre lourd que je lui suggérai de conserver cette position.  Ses cheveux courts balayaient son front, lui conféraient un style original et affirmé.  L’ensemble de la scène m’imprégnait d’un état de grâce.

           Avec mon pinceau, je faisais danser les pigments et l’eau pure sur la feuille de papier, tout en discutant.  J’ai pensé qu’une partie de son histoire pourrait intéresser…

           Adolescente, Maude avait une vision assez catégorique de son avenir.  Elle affirmait ne pas désirer d’enfants.  Les raisons qui l’emmenaient à penser ainsi étaient les suivantes : elle ne voulait pas offrir à un enfant une terre où règnent la consommation excessive, la corruption, la pollution, l’injustice, la pauvreté, le capitalisme, l’individualisme.  Les gestes qu’elle posait entraient en contradiction avec son pessimisme.  Elle disait souvent :  « Quand on en a la volonté, il est possible d’améliorer sa santé…  Tout comme, ensemble, il est possible d’améliorer celle de notre environnement.  »

             Au début de la vingtaine, elle ressentait un « vide » à l’intérieur d’elle-même.  Un désir puissant la dominait : l’appel de la maternité.  Au-delà de tout, elle était convaincue que l’enfant qu’elle porterait allait être entre bonnes mains.  Dans sa tête, les questionnements se bousculaient.  Elle changea donc d’opinion sur la procréation : n’était-ce pas le rôle premier de la femme que de donner la vie ?

              C’est alors qu’un premier, puis un deuxième bambin, dont les grossesses n’avaient pas été orchestrées, virent le jour.  Maude croit que l’enfant choisit sa mère, qu’il vient à elle pour la faire s’épanouir et faire évoluer son âme.  Elle a toujours fait confiance à la vie et ses « enfants surprises » sont les éléments essentiels de sa grande richesse.

              La jeune famille a vécu en pays étranger pendant plusieurs années.  Diverses raisons ont provoqué la séparation d’avec son conjoint.  Battante, elle gardait l’espoir de se rebâtir un monde et décida de rentrer au bercail, près des siens.

               C’était un de ces jours de printemps, où l’air frais nous envoûte, qu’elle recroisa le regard d’un homme qu’elle connaissait depuis toujours.  Ne le voyant plus comme un ami, mais bien comme celui qui contribuerait à sa joie quotidienne, elle se sentit comblée, amoureuse.  Le temps a prouvé qu’elle avait raison.  Dix ans avaient passé depuis la naissance de sa seconde fille.  Et, en ce jour, Maude s’apprête à cajoler son troisième enfant.

               C’est par choix et avec plus d’expérience qu’elle recommence l’aventure.  Ce qui est certain, c’est que peu importe quand et comment elle y est parvenue, le bonheur indescriptible d’accueillir son enfant est le même !

       Virginie Tanguay

Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estchat qui louche maykan alain gagnon près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

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10 juin 2014

 Amélia Earhart sur les ailes du vent

Amélia Earhart

      Amélia Earhart admirait les exploits féminins de toutes sortes. Jeune femme, elle eut le privilège de monter à bord d’un avion pour un simple tour de plaisance et de goûter à la liberté de voler. Elle comprit à l’instant sa destinée : devenir pilote et inciter les femmes à pratiquer des métiers traditionnellement occupés par des hommes. Son ouverture d’esprit, sa détermination, ses exploits firent d’elle une icône de la femme libérée, ainsi qu’une figure marquante dans l’histoire de l’aviation aux États-Unis.

   Née au Kansas, Amélia a vécu son enfance d’une manière non conventionnelle. Adulte, elle est restée, quelque part, l’enfant qu’elle avait été : meneuse, positive, charmeuse. Je crois qu’il en est de même pour chacun de nous. Les traits de personnalité et les aptitudes demeurent. Ne se comparant pas aux autres, elle évoluait sans se soucier de son apparence un peu garçonnière. Les fillettes de l’époque portaient la robe et les cheveux tressés. La féminité était le dernier de ses soucis, se plaisant à jouer dans la boue et à avoir les mains terreuses. Ses amies, craintives, l’observaient grimper au sommet des séquoias. Amélia regardait les étoiles. En fait… elle voulait atteindre les étoiles !

     Son regard perçant, facile à lire, et sa bravoure m’ont incité à la peindre et me donne le goût de l’aventure. Les mots « ciel, passion et aviation » portés par la voix d’Amélia la faisaient vibrer au point qu’elle testait sans cesse ses compétences. En 1932, elle devint la première femme au monde à traverser en solo l’océan Atlantique.

    On la nommait affectueusement « Miss Lindy », étant donné la carrure de son visage et sa coupe de cheveux qui rappelaient Charles Lindbergh : pionnier américain de l’aviation. Son corps filiforme se dessinait sous ses vêtements de cuir. Ses lèvres pulpeuses et son sourire charmaient.

     La jolie Amélia Earhart regardait toujours plus loin que l’horizon, elle n’en perdait jamais la ligne… sur la terre ferme ou lorsqu’elle surplombait les montagnes en avion. Ses actions et sa persévérance ont fait évoluer l’aviation et ont balayé des préjugés sur l’incapacité des femmes à exercer le métier de pilote.

      Perçant les nuages à bord de son appareil, elle était la reine des cieux, pleinement consciente des dangers qu’elle affrontait. Le pastel du jour et l’indigo de la nuit s’épousaient sous la carlingue puissante de son avion. Cette aviatrice est montée au septième ciel par passion et n’en est jamais redescendue.

       Le 2 juillet 1937, sa tentative de faire le tour du monde en avion échoua. Le bimoteur Lockheed Electra 10-E qu’elle pilotait sombra en catastrophe à proximité de l’archipel des Phoenix, dans l’océan Pacifique. La précision des instruments de navigation, peu fiable, n’aurait pas permis à Amélia Earhart et à Fred Noonan, son navigateur, de localiser l’île Howland où ils devaient faire le plein de carburant.

   Au risque d’y perdre la vie, Amélia la courageuse se laissait porter sur les ailes du vent.

Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estVirginie Tanguay près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…

27 mai 2014

Le pont des artistes

chat qui louche, maykan, alain gagnon, francophonie, littérature, Québec

     C’est jour de printemps et les glaces viennent de libérer les eaux. Incolores, elles se gonflent avec la crue, reflétant le cobalt du ciel. Des filaments de nuages miroitent sur le lac Saint-Jean tout en fuyant vers l’Est. La clarté qui s’avance discrètement me décroche un sourire. Je suis prête à écouter les mots de la terre.

     J’observe le jeu de la nature : elle était en veille, voilà qu’elle arbore à nouveau des teintes enflammées. Je me sens comme cette dame : une artiste qui se laisse bercer par les couleurs de chaque saison. Quand elle provoque la foudre, elle y met le feu. Lorsque la pluie inonde les fossés, vient au monde l’angélique.

     Je compare la réalité des artistes à cette floraison : nous sommes maîtres de nos états d’âme. Lorsque je crée, j’ai l’impression de semer un grain. Ce moment m’anime. J’ai ce désir de partager de la beauté, du rêve, alors il me faut offrir des gerbes de fleurs et qu’elles se laissent cueillir… ou pas. Je passe des lunes à semer, à noyer mes récoltes parce que j’y mets trop d’eau, à souvent recommencer mes aquarelles parce que la pureté y est plus ou moins… Consciente que j’apprendrai toute ma vie en repiquant des semis. La persévérance et les essais me donnent de l’expérience. Je veux traiter l’aquarelle avec authenticité. Sans gène, je regarde mes œuvres dans le blanc du papier pour y voir la lumière.

     Le vent m’a confié qu’il s’estompe toujours après la tempête et qu’il est parfois préférable de lui faire face. Mon instinct a toujours guidé ma prise de décisions. C’est alors qu’un certain matin d’automne, je fis un pas de plus : je présentai mes créations pour la toute première fois… J’avais osé traverser le pont des artistes.

     Ce pont était sur ma route. Il me semblait craquelant. À y penser, il n’y avait pas de risque à le traverser si je posais les pieds sur des planches solides : simplement un défi. Mon objectif était de toucher un cœur. J’avançais à pas feutrés, mais avec la hâte de découvrir cette berge.

         Une fois traversée sur l’autre rive, les oiseaux étaient immobiles dans le ciel et il n’y avait aucun bruit, pas même celui des feuilles qui tremblaient sur les ailes du vent. Étrangère et en zone inconnue, mon cœur battait à en perdre le rythme. Seule parmi les conifères géants, le silence me permettait d’entendre ma voix. J’y compris que l’essence même de ma vie d’artiste était de voyager par l’imaginaire pour atteindre la liberté et que de cette façon, j’arrivais à fixer le temps.

         Que les oiseaux dansent ou non dans le ciel, c’est le fruit de l’imagination. Souvent, les artistes traversent le pont parce qu’ils ont ce besoin puissant de partager… la liberté.

 Virginie Tanguay

Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estVirginie Tanguay près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…

12 mai 2014

 Le guide montagnais

Camp de Joseph Gill

       Joseph Gill portait en lui une richesse qu’il a léguée à ses enfants : la sagesse amérindienne. Planté comme un arbre au large port, ses racines s’abreuvaient de la vie. Il savourait chaque moment comme si c’était le dernier, tout à fait conscient du privilège de vivre. La forêt éveillait ses instincts de survie et ce désir de prendre soin de son entourage. Le bonheur, il le trouvait dans le souffle du vent et le chant du huard.

        Sa femme était de la grande famille des Robertson, renommée pour le commerce de fourrures à Mashteuiatsh. Ensemble, ils eurent une dizaine d’enfants.

        L’été venu, Joseph et son père quittaient les rives du lac Saint-Jean et retrouvaient un territoire montagnais, situé au nord du cinquantième parallèle. Là-bas, c’était le centre de l’univers, au cœur d’une forêt profonde. Ce refuge devenait un lieu de rencontre entre les visiteurs en quête de dépaysement et les guides amérindiens.

       En 1970, le site fut complètement fermé, laissant des souvenirs impérissables chez certains des membres de la famille Gill. Les années passaient. Pierre, un des fils de Joseph, voulait depuis trop longtemps revisiter ces lieux mythiques et s’abreuver à la source. Avec une carte topographique, une boussole, et un minimum de bagages, il partit à l’aventure. Après une route interminable, il posa son canot. Enfin, il respirait profondément et savourait la joie. Pagayant sans se soucier de ses muscles endoloris et à l’affût de tout point de repère, son seul objectif était de retrouver le camp ancestral. Après quinze ans, la forêt se présentait sous un autre jour.

             Les souvenirs défilaient dans sa tête. Il se souvenait de ce temps où lui, ses frères et ses sœurs, assis dans le canot, empruntaient le même trajet. Avec puissance, Joseph guidait l’embarcation et en même temps ses valeurs et connaissances à ses enfants. Son calme et sa maîtrise inspiraient confiance. Pierre se souvenait de la voix de son père qui l’appelait :  « Viens ici, je vais tout t’apprendre ». L’homme lui avait présenté son coffre de pêche et lui avait enseigné l’essentiel.

         Un sourire radieux apparut sur son visage quand il aperçut le vieux quai de bois tout pourri en bordure du lac Serpent. Indomptées, les branches d’aulnes rugueux lui égratignaient la peau au passage. Le camp était toujours debout… soixante-dix ans après sa construction. Pierre se sentait de retour à la maison après un long voyage.

    À l’image de Joseph, le camp était fort et rustique. Jamais il n’avait croulé sous le poids de la neige, il affrontait les saisons. Construit de rondins écorcés, il se camouflait dans la nature sauvage. Seul le toit de tôle avait rougi, comme s’il était timide de revoir un membre de la famille. La bouilloire de métal de Joseph attendait patiemment sur le poêle à bois… pour qu’enfin, l’histoire reprenne son cours.

  Virginie Tanguay

Notice biographique

Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle estVirginie Tanguay près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : tanguayaquarelle@hotmail.com.

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